Temps de lecture : 8 minutes
19 septembre 2024
Nos ambassadeurs
Des animaux de la ferme en liberté, des fruits et des légumes cultivés dans le respect du rythme des saisons, des volailles élevées au grand air, toute une série de formations pour transmettre des savoirs ancestraux : 11e génération d’une famille implantée à Villers-Saint-Paul depuis 400 ans, Patrick Mancheron et son épouse Magali animent avec l’Arbre à poule une atypique oasis de verdure grande comme trois terrains de football à l’ombre des HLM.
Patrick et Magali, propriétaires de l’Arbre à Poule à Villers-Saint-Paul, nous ont accueilli dans leur havre de paix en plein cœur de la ville.
Une histoire de famille
« Mes parents m’ont toujours dissuadé de devenir agriculteur… » Mais les chromosomes de la famille Mancheron en ont décidé autrement. Et Patrick, solide gaillard de 50 ans, est aujourd’hui enseignant au lycée agricole de Ribécourt, titulaire d’un brevet de biologie technologie, spécialiste en maraîchage, horticulture et agronomie ! Cependant, comment résister à l’appel de la nature qui vous a bercé depuis votre plus jeune âge ? « Le document le plus ancien que j’ai retrouvé date de 1612 à l’époque où mes aïeux ont fait un saut de puce de Rieux à Villers-Saint-Paul, raconte-t-il. Comme me le confirmait ma grand-mère, cela fait donc 400 ans que nous occupons cette parcelle. »
Jusqu’au 19e siècle, les Mancheron sont vignerons, puis laboureurs parce qu’ils disposent du cheval et du matériel nécessaires aux travaux de la terre, et finalement cultivateurs. « Sur une pierre du gîte est gravé « 1769 ». Et comme je conserve tout, j’ai même la première facture d’électricité en 1927, s’amuse Patrick. Chaque génération a participé à la vie politique de la commune, certains ont été adjoints au maire. Depuis le milieu du 20e siècle, nous sommes des fils uniques. Et maintenant, je suis le dernier représentant de la plus vieille famille de la commune. »
Une ferme en cœur de ville
Dès lors il était inéluctable que Patrick poursuive l’œuvre engagée quatre siècles auparavant par les Mancheron afin de partager de précieux savoirs. Avant tout, il convenait de pouvoir maintenir cette activité maraîchère au cœur d’une zone urbaine en expansion. « Nous aurions pu disparaître depuis longtemps, mais l’urbanisation s’est heureusement calmée dans les années 1990. Désormais, nous sommes plutôt dans l’air du temps », constate-t-il. Ensuite, il lui fallait trouver du renfort pour faire vivre le site de 13 000 m², soit quasiment trois terrains de football. La rencontre en 2005 avec Magali a été déterminante, car elle partage les mêmes valeurs. Le foyer a été complété par deux garçons jumeaux qui à travers leurs études ont déjà emboîté le pas à leurs parents…
« Dans l’Aisne, j’étais constamment au contact de la nature, explique Magali. Le dimanche matin, c’était la chasse en famille suivie du travail du gibier en cuisine, bref, le goût des bonnes choses. » Son BEP sanitaire et social lui permet d’être aide-soignante en clinique à Argenteuil (Val-d’Oise) puis Meudon (Hauts-de-Seine). « La région parisienne, c’était pour le travail, mais je revenais toujours dans l’Aisne pour me ressourcer, avoue-t-elle. En fait, j’adorais aider à la ferme, m’occuper des vaches, des brebis. C’est ce que j’ai commencé à faire en Haute-Marne et dans les Cévennes avant d’arriver à Villers-Saint-Paul. »
Être le plus autonome possible
Une fois formé, le couple peaufine son projet : « Notre objectif initial était d’être le plus autonome possible et de ne rien perdre », résume Patrick. « Pour ouvrir notre ferme productive maraîchère, aux compétences de Patrick j’ai imposé mon amour des bêtes, chèvres, moutons, vaches, cochons, etc. », taquine Magali.
Légumes, fruits, animaux, tout un écosystème s’est rapidement instauré en harmonie. « Pendant ma grossesse, je voyais les HLM autour de nous, et j’imaginais inviter dans notre îlot de verdure, dans notre petit paradis, les copains de mes fils qui étaient cloîtrés dans des appartements, se souvient Magali. Je tenais à offrir de la nature aux gens qui vivent entourés de béton, et nous voulions partager notre lieu de vie avec le public. »
L’Arbre à poule est né
En 2009, la ferme familiale « l’Arbre à poule » ouvre sous une forme associative. « Il n’y a pas de « s » à « poule » car c’est aller de l’arbre à la poule, du végétal à l’animal, précise Magali. C’est notre façon de marquer notre respect du vivant, qu’il soit végétal ou animal. » Patrick est reconnu agriculteur en 2014 et Magali en 2016. L’Arbre à poule se fait connaître, les amoureux des produits sainement cultivés apprécient les légumes sur sol vivant : « C’est une pratique selon laquelle on ne retourne pas la terre pour laisser les organismes la façonner naturellement, confie Patrick. À tout le moins nous ajoutons du paillage pour limiter l’enherbement ».
Les productions s’accordent religieusement au rythme des saisons : la micro-ferme fournit notamment au printemps petits pois et carottes, à l’été tomates, courgettes et concombres, à l’automne potimarrons, radis noirs et salades, en hiver des légumes à racines comme courges et choux. « Nous pouvons compter sur une soixantaine de familles qui viennent s’approvisionner chaque semaine, et sur une centaine de clients réguliers », glisse Magali. « Tout est aux normes et contrôlé fréquemment. Pour nous, la qualité est plus importante que la quantité. Je fais du flux tendu : parfois la salade qu’on nous achète était encore en terre un quart d’heure plus tôt », indique Patrick. Quant aux volailles, poulets, pintades, chapons, dindes, oies sont élevés à l’herbe.
Or, les années Covid incitant à limiter les déplacements, le public en veut davantage sur un même site. « Nous sommes passés en SARL en 2022 afin de développer la vente à la ferme sans intermédiaire avec un réseau d’une quinzaine de producteurs locaux », annonce Patrick. Aux fruits, légumes, volailles, jus de pomme, sirops, confitures, herbes aromatiques, miel, tisanes fraîches ou sèches de l’Arbre à poule s’ajoutent alors œufs, produits laitiers, pains bio, viande de bœuf et de porc.
Labellisée Bienvenue à la ferme
Avec le label Bienvenue à la ferme, les locataires comme Vidocq et Cannelle les ânes, Églantine la vache, Orange et Clémentine les cochons, Crème et Coquine les chèvres ou Robin et Maurice les boucs font le bonheur des visiteurs intéressés par la ferme pédagogique, qu’ils soient particuliers, écoliers, collégiens, lycéens, d’associations ou de clubs sportifs. « Nous prenons soin des bêtes jusqu’à la fin, c’est un vrai Ehpad pour animaux ici, rigole Magali. L’un de nos vieux boucs reçoit même des séances de laser pour soulager ses articulations. Et pour ne pas gêner l’entourage, nous rentrons les bêtes tous les soirs et les poulaillers sont insonorisés. »
Ceux qui souhaitent pousser l’expérience plus loin pour cultiver leur jardin sur le mode de la permaculture ou transformer la toison des animaux en fils soyeux reçoivent les conseils avisés du couple lors de stages. « Nous sommes vraiment ancrés sur le territoire, confirme Magali. Nous donnons notre fumier aux jardins familiaux de Villers-Saint-Paul et nous pouvons mettre à disposition une salle de réunion pour une trentaine de personnes. »
Un gîte à la ferme, et bientôt un second
Après le label Gîte de France pour « l’Antre deux terres » obtenu en 2018 qui permet à d’anciens Villersois de venir voir des proches ou à des touristes d’être près de Paris, le couple aménage un second gîte pour l’an prochain. « Et nous avons le projet de mettre en place un petit musée sur la vie agricole à Villers-Saint-Paul avec des documents et des outils autour de l’histoire de la commune », révèle Patrick.
Frédéric Noury – FredCom
Rencontre avec Patrick et Magali en vidéo
Le gîte L’Antre deux terres
Accès
Ouverture
Toutes les périodes d’ouverture sont passées. Merci de prendre directement contact avec le propriétaire pour plus d’information
Tarifs
Location semaine | 330 € |
Location semaine | 330 € |
Location week-end | 230 € |
Location week-end | 230 € |
Location week-end | 230 € |
Envie d’en découvrir plus ?
Ce beau reportage a été écrit à l’occasion de la sortie du tout premier Magazine de Destination de Creil Sud Oise Tourisme.
À l’intérieur, de nombreux autres articles vous emmènent à la rencontre de figures locales et proposent des idées sorties !
Commandez le pour le recevoir à sa sortie papier !
Ici pour le commander